"bl, vs avez la mémoire courte" ptit bilan des zév

C'est avec une intense délectation que j'ai suivi, durant quelques semaines, le tt aussi intense débat qui a animé ce forum. Considérant que mon implication dans l'organisation de ces journées était trop important, et que je risquait, par de subversives interventions, de rabaisser un peu plus le débat, j'ai préféré vous laisser le soin de le faire tous seuls: voici quelques pistes que je voudrais lancer, à froid, pour un bilan r étrospectif.
Heureux de constater que Caro et mimi se sont impliquées dans les différents aspects de la brève "démocratie participative" qui s'est difficilement mise en place durant deux mois, je voudrais dire qu'il est rageant de voir certains disserter avec verve sur ce qu'ils n'ont pas vu, et encore moins vécu. Critiquer en faisant la synthèse de papiers scribouillés par une élite journalistique parisenne, revient à dater l'origine du monde en s'appuyant sur des récits hagiographiques, ou des écrits théologiques (Mathieu sait de quoi je parle).
Eh oui, si certains avaient fait l'effort de se déplacer un tantinet, ils se seraient peut etre rendu compte à quel point il est difficille de s'entendre sur des sujets aussi anodins que l'organisation d'une manif. La vie démocratie demande peut-etre un peu plus d'efforts que d'aller, tous les cinqs ans, se donner bonne conscience dans l'isoloir Républicain : déléguons, camarade, déléguons et lavons-nous en les mains.
Je sors de ces quelques semaines dégouté par l'attitude de certains de mes concitoyens étudiants, qui n'ont eu de cesse, tout du long, de ramener les débats sur une seule question : celle du blocage -dont ce forum a fait grand cas. Nous y avons passé d'inutiles heures en AG. Pour moi, ce débat n'était qu'un moyen, pour certains, de légitimer leur non implication dans un acte citoyen. La question du blocage a été, comme en 2005 celle du rejet de l'Europe, le feu de paille qui a permis de détourner les regards des "vraies" interrogations, toile de fond au malaise social ambiant. En tant qu'altermondialiste convaicu, permettez moi de dire que cette "crise" a trascendé le débat de partis, pour poser la question de l'émergence possible d'un modèle alternatif à la dérèglementation néoclassique.
La période a été propice à des numéros d'équilibrisme intellectuel en tous genres. Laissez moi vous rappeler qu'un historien se doit de ne pas comparer ce qui n'est pas comparable. S'il a permit d'exciter vos cerveaux frétllants, le parallèle entre 68 et 06 est nul et non avenu : cela tient de la farce, qui ne saurait faire oublier que, par delà les ages, d'"occident" à l"uni", un réac est un réac : vous voyez, on peut faire dire ce que l'on veut aux comparaisons douteuses... Guillem, si tu me lit...
Désolé d'etre moi, et bonjour à tous.

Amen

Beau message, Sylvain, belle rhétorique, dont le génie réside beaucoup dans cette capacité qu'elle a à usurper la responsabilité de beaucoup de choses ainsi que le statut de seule pensée valide, puisqu'ecrite a posteriori. Et puis, en quelque sorte, elle surfe sur le rapport de force que la victoire des étudiants a instauré, elle est intouchable.

Exact, je ne me cache pas d'avoir sciemment tenté de rabaisser le niveau du débat, sans doute, mais hélas à mes dépens, pour en souligner l'inanité certaine. Effectivement, tout cela n'était qu'un grand feu de paille, dont l'épaisse fumée a encore une fois occulté tous les vrais enjeux, entreprise de diversion dont les honnêtes gens ont encore une fois fait les frais. On se demande vraiment si tous ces braves citoyens auront un jour l'occasion de bien comprendre ce qu'on a à leur dire. On se demande même si la coalition rouge-brun peut se laver aussi facilement les mains de la responsabilité d'un feu de diversion qu'elle a elle même attisé, exercice dans lequel elle est d'ailleurs passée maître.
Qu'on me permette toutefois de rappeler que la logique du voilage, théorisée par Marx, selon laquelle d'obscures forces occultes voileraient en permanence, par des idéologies frelatées, la réalité aux yeux des honnêtes prolétaires, est selon moi LA théorie qui empoisonne toutes les luttes politiques de ces dernières années. Il est impossible d'avoir une discussion à contenu avec des gens qui s'imaginent que la seule dynamique valable est celle de l'élucidation marxiste. Il y aurait dans la vie une certaine vérité, plutôt immuable, articulée autour d'un pseudo-discours manichéen, qui serait cachée à tous par le jeu des forces obscures (on nous fait croire que tout est son contraire), et qui devrait être révélée aux masses par le biais de l'action de terrain. On se perd alors en conjectures sur la manière la plus appropriée de préparer ce Grand Soir de la vérité suprême (l'avènement, enfin de la démocratie participative ???), sans même songer que si ça se trouve, c'est bien cette pseudo-vérité qui est frelatée à la base, au moins autant que les idéologies du mal qui sont supposées l'occulter. Il faut quand même être un sacré con pour oser, de sang froid, opposer l'implacable vérité du terrain aux borborygmes d'une élite journalistique parisienne incapable. On dirait du Maurras, ou plus récemment, du De Villiers. Heureusement que tu n'es pas un sacré con, Sylvain.
L'erreur aura sans doute été de faire passer pour du gauchisme authentique aux yeux des jeunes recrues d'authentiques manipulations électoralistes. On se retrouve un jour sur le carreau, en se rendant compte qu'on a lutté pendant des années pour un idéal sans doute juste, mais récupéré par des manoeuvristes au moins aussi infâmes que les capitalistes qu'ils prétendent dénoncer. Pour un peu, c'est l'idéal lui même qui pourrait un jour sonner creux. Je le sais, j'ai été d'extrême gauche il y a pas si longtemps de cela.
Pour ou contre le blocage est effectivement une question un peu stupide, mais guère plus que le soit disant débat ayant été occulté, la vraie cause pour laquelle tant de jeunes au regard clair et aux pensées légères se sont battus seuls contre tous : pour ou contre une vie décente et des perspectives d'avenir pour tous. Je ne vois pas trop qui aurait pu être contre, posé en ces termes. Peut-être Madelin, entre deux tabassages de gauchistes rue Gay-Lussac ? Si on avait dépassé la question du blocage, l'évolution du débat nous aurait rapidement conduit à enfoncer des portes ouvertes, personne n'étant suffisamment compétent pour s'accorder sur autre chose que des fins et des valeurs, en démocratie. Comme le disait ironiquement Jacques Marseille, un scribouillard parisien économiste de droite en plus, c'est à dire quelqu'un avec qui il est impossible de discuter, Villepin en se rasant le matin n'a qu'une idée qui lui trotte dans la tête : précariser la jeunesse. De même, le patronnat français n'a qu'une seule préoccupation : licencier en masse.
Pour sur, avec de telles idées fédératrices, c'est bien la jeunesse qui a allumé les feux de paille.






Qu'on m'accuse à juste titre d'avoir bêtement parlé de mai 1968, j'en suis un peu confus. Qu'on ne m'accuse pas d'avoir construit mon opinion en lisant Le Monde. J'étais sur place, j'ai vu. J'ai beaucoup parlé. Je n'ai rien compris, certes. D'ailleurs, n'en déplaise aux gentils de ce forum, j'étais contre le CPE et plutôt pour le bloquage. Qu'on ne m'accuse pas d'avoir aiguisé ma verve aux dépens des gentils et à la gloire des méchants, le seul mot de dissertation me fait vomir du mauvais vin.

Qu'on ne m'accuse pas d'être un réac, c'est de la mauvaise foi non dissimulée. Suivant un mot qu'aurait pu faire Léotard, si on entend convaincu comme con vaincu, je me demande parfois qui est le plus con : celui qui a des opinions, ou celui qui n'en a plus.

En bref, j'ai hâte qu'une bonne Zubrowka nous remette tous d'accord.

Je m'attendais, bien évidemment, à voir, une fois de plus, agité l'épouventail du marxisme lenninismo-troskyste... effectivement, nos amis de LO, LCR and Cie ont tout fait (et de manière réussie) pour récupérer les AG; évidemment, deux victoires massives en moins d'un an nous ont gonflé d'illusions... mais, contrairement à ce que beaucoup croient, l'électorat des partits d'extrème gauche est, à mon humble avis, majoritairement composé de personnes déçues par un partit socialiste dénué de tout projet politique alternatif. Un partit qui a déserté le champ des idées, dont les dirigeants font campagne en s'affichant dans des magazines "people", et dont la seule force est de s'etre attaché les classes moyennes... qui sont en train de voler en éclat. Je pense que les extrémistes de gauche sont en attente de ce partit alternatif, qui reste à construire, comme cela se fait à Toulouse, par exemple: un partit s'appuyant sur le réseau associatif pour proposer et gouverner avec les gens, et non à leur insu... ATTAC, si tu m'entends.
En attendant, je continue à crier que nos "idéaux" ( mot qui semble aujourd'hui proscrit des sphères bien pensantes) sont beaux, et ceci parce qu'ils sont encore en cours de définition. A choisir, je les préfère aux idées basses, qui reviennent en force : après la saison 2001-2002, qui vit l'avènement du thème de l'insécurité, voici la saison 2006-2007 qui nous balance celui de l'immigration...
Quant à la zubrowska, je pense qu'elle reste une valeur sure des retrouvailles au sommet... A bientot les couillus...

Je n'ai rien à redire là dessus. A bientôt, couillu...